S’attaquer aux causes
profondes de la
situation à Mayotte

Question au ministre de l'intérieur et des outre-mer du 07/02/2024

Question de Micheline Jacques (Saint-Barthélemy – Les Républicains) posée en séance publique le 07/02/2024 et publiée le 08/02/2024

Micheline Jacques. Ma question s’adresse au ministre de l’intérieur et des outre-mer.

Monsieur le ministre, notre groupe est profondément préoccupé par la situation de chaos dans laquelle vit Mayotte et sur laquelle, du reste, nos collègues mahorais vous alertent régulièrement.

La crise de l’eau récemment très médiatisée s’est en réalité ajoutée à l’insécurité, à la pauvreté, à l’insalubrité, à l’immigration galopante, à une crise économique et sociale profonde, aux difficultés liées aux infrastructures sous-dimensionnées.

La population, excédée, paralyse une nouvelle fois Mayotte pour protester contre l’insécurité. Cette situation insurrectionnelle n’est pas plus acceptable à Mayotte qu’ailleurs dans notre République. Rétablir durablement la sécurité et l’autorité de l’État doit être la première des priorités.

L’immigration incontrôlée est à l’origine de la pression démographique : il naît l’équivalent d’une classe par jour à la maternité. Il faut certes durcir les règles d’immigration et d’acquisition de la nationalité en vigueur à Mayotte et tarir ainsi la principale difficulté de l’archipel à la source, mais on ne peut plus se contenter de mesures d’urgence, qui permettent seulement d’apaiser les tensions pour un temps.

On voit bien que Mayotte a besoin d’une vision pour adapter efficacement et structurellement l’action de l’État et des collectivités locales à sa réalité. Sans moyens, le droit ne peut s’appliquer efficacement.

Un projet de loi pour un développement accéléré de Mayotte avait été annoncé en 2021. Nous sommes en 2024 et le désespoir s’empare de la population. Eu égard au caractère multidimensionnel de la crise, monsieur le ministre, êtes-vous en mesure de nous annoncer un plan ou une loi de programmation pour Mayotte ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – MM. Philippe Folliot, Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili applaudissent également.)

Publiée dans le JO Sénat du 08/02/2024

Réponse du Ministère de l’intérieur et des outre-mer publiée le 08/02/2024
Réponse apportée en séance publique le 07/02/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer. Madame la sénatrice, vous avez parfaitement raison, Mayotte connaît des difficultés très importantes liées à l’immigration, à l’insécurité, aux problèmes économiques et sociaux, mais aussi aux transports et aux infrastructures. L’égalité des droits avec le reste du territoire n’est pas garantie.

Je rappelle que c’est le Président Chirac qui a décidé de faire de Mayotte un département. Il nous appartient désormais de tenir cet engagement, dans des conditions évidemment très difficiles. Vous connaissez mon engagement profond pour Mayotte. Je souhaite aider l’archipel à mieux vivre.

Cela passe, tout d’abord, par la lutte contre l’immigration irrégulière. C’est ce que nous avons fait en lançant l’opération Wuambushu et en construisant un deuxième centre de rétention administrative pour Mayotte.

C’est ce que nous avons fait aussi avec la loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, qui met désormais à la disposition des autorités des moyens extrêmement importants pour lutter contre l’immigration irrégulière à Mayotte.

Toutefois, celle-ci ne vient pas simplement des Comores ou de Madagascar ; elle vient aussi de l’Afrique des Grands Lacs en raison de l’islamisme galopant dans ces territoires. La présence d’un camp d’immigrés à Cavani a fait exploser une colère qui était déjà très sourde. J’ai pris des mesures sans précédent d’évacuation d’un terrain appartenant au conseil départemental et, pour la première fois, de rapatriement dans l’Hexagone de personnes reconnues comme réfugiées par le droit d’asile français.

Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé dans son discours de politique générale qu’un projet de loi sur Mayotte sera présenté très prochainement en conseil des ministres. Il s’agira de prévoir un changement radical sur les questions économiques, sociales, de transport et d’infrastructures pour faire de Mayotte un département comme les autres, ce qui posera évidemment des questions de cotisations et de prestations, qui doivent être les mêmes que sur l’ensemble du territoire national.

Enfin, un changement constitutionnel s’impose. Nous ne réglerons pas les questions migratoires de l’archipel sans une modification radicale du droit du sol et du droit du sang à Mayotte. Le Président de la République en accepté l’augure ; je vous propose d’y travailler ensemble avec le Sénat. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Le président. La parole est à Mme Micheline Jacques, pour la réplique.

Mme Micheline Jacques. Mayotte, comme l’ensemble des outre-mer, a besoin d’un projet ambitieux, car la situation est aussi le résultat d’une gestion par à-coups et à trop court terme. Je suis persuadée que l’on paie plus cher à long terme – et à tout point de vue – ce que l’on repousse d’année en année.

À Mayotte, le Gouvernement doit donc s’attaquer aux causes profondes, au premier rang desquelles l’immigration. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. – MM. Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili applaudissent également.)

La situation à Mayotte est chaotique. J’ai exprimé la préoccupation du groupe LR du Sénat en interrogeant le ministre de l’Intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin. On ne peut se contenter de mesures d’urgence, il faut un plan de sortie et s’attaquer aux causes profondes de la situation. 

(Questions d'actualité au Gouvernement du 07/02/2024).

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L’octroi de mer et sa réforme contestée étaient au cœur de la rencontre entre les délégations aux outre-mer du Sénat et de l’Association des maires de France réunies le 12 mars 2024.
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Un statut d’officier de police judiciaire adjoint pour les policiers territoriaux de Saint-Barthélemy permettra de renforcer la coordination du travail avec la gendarmerie et mieux assurer la sécurité du territoire.  C’est la question que j’ai posée au Général Lionel Lavergne, commandant de la Gendarmerie d’outre-mer, ce matin, lors de son audition par la délégation aux outre-mer que j’ai l’honneur de présider.  25 janvier 2024, audition par la Délégation sénatoriale aux outre-mer
Coordination gendarmerie-police territoriale à Saint-Barthélemy

Un statut d’officier de police judiciaire adjoint pour les policiers territoriaux de Saint-Barthélemy permettra de renforcer la coordination du travail avec la gendarmerie et mieux assurer la sécurité du territoire. 
C’est la question que j’ai posée au Général Lionel Lavergne, commandant de la Gendarmerie d’outre-mer, ce matin, lors de son audition par la délégation aux outre-mer que j’ai l’honneur de présider. 

Tribune de Micheline Jacques, sénateur de Saint-Barthélemy, président de la Délégation sénatoriale aux outre-mer, conseiller territorial. "La délégation est chargée d’éclairer le Sénat sur la situation des outre-mer et de participer à l’évaluation des politiques publiques qui y sont déployées. Elle veille à la prise en compte des caractéristiques propres à chaque territoire ultramarin. (…) Présider la délégation ce n’est évidemment pas oublier Saint-Barthélemy !". Journal Com St Barth décembre 2023
Présider la délégation sénatoriale aux outre-mer ce n’est pas oublier Saint-Barthélemy

La délégation est chargée d’éclairer le Sénat sur la situation des outre-mer et de participer à l’évaluation des politiques publiques qui y sont déployées. Elle veille à la prise en compte des caractéristiques propres à chaque territoire ultramarin. (…) Présider la délégation ce n’est évidemment pas oublier Saint-Barthélemy !

Micheline Jacques élue présidente de la Délégation sénatoriale aux outre-mer. Article de Outremers 360 du 09/11/2023
Sénat : La Sénatrice de Saint-Barthélémy Micheline Jacques élue Présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer

Le 9 novembre, la délégation sénatoriale aux outre‑mer a reconstitué son bureau et a élu Micheline Jacques (Les Républicains – Saint-Barthélemy) présidente, pour le prochain triennat. Elle succède à Stéphane Artano, le sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon. Article Outremers 360 du 09/11/2023

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Dégager les pistes d’évolution du cadre constitutionnel des outre-mer répondant le mieux aux aspirations qui ont été exprimées lors des auditions de l’ensemble des exécutifs des assemblées territoriales ultramarines. Article du Journal de Saint-Barth du 17 mai 2023.

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Dans un rapport sur l’avenir institutionnel en Outre-mer, le président de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, Stéphane Artano (Saint-Pierre et Miquelon) et la sénatrice Micheline Jacques (Saint-Barthélemy) appellent à « ouvrir le champ des possibles ». Article de Outremers 360 du 10/05/2023

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Rapport Evolution institutionnelle des outre-mer

Le rapport indique que la réécriture du cadre constitutionnel n’entraînerait pas d’évolution automatique des statuts. Pour Saint-Barthélemy, une telle révision ne changerait rien à l’équilibre de notre statut actuel, elle apporterait néanmoins des améliorations, notamment en facilitant l’adoption des sanctions pénales.

Rapport : « Reconstruire la politique du logement outre-mer »

Après l’échec du premier Plan logement outre-mer et devant la persistance de la crise du logement dans ces territoires, la Délégation a décidé de mener une étude approfondie sur ce thème.